
La Cour suprême de l’Inde a décidé d’examiner une affaire de discrimination au sein d’une paroisse chrétienne de l’État du Tamil Nadu, dans le sud du pays. En cause : l’exclusion des Dalits, considérés comme la caste la plus basse de la société, de la vie de l'église.
"Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus." Dans sa lettre aux Galates, Paul rappelait qu'en Christ, les différences terrestres s'effacent.
Une lecture que certains chrétiens en Inde pourraient relire avec profit. En effet, des paroissiens de Kottapalayam, dans le diocèse de Kumbakonam, au sud de l’Inde, ont intenté une procédure judiciaire pour contester la ségrégation dont ils font l’objet au sein même de leur communauté chrétienne. Les dalits, indiens de la caste la plus basse, n’ont par exemple pas le droit d’être enterrés avec les chrétiens des autres castes.
Selon le père Thomas, engagé pour soutenir les dalits, interrogé par UCA News, la paroisse compte 150 familles catholiques dalits, mais ne prend pas leurs contributions et ne les implique pas dans les activités et les célébrations de l'église. Selon lui, la caste supérieure pense que les contributions des catholiques dalits pourraient "les polluer et polluer l'ensemble de leurs célébrations". Le prêtre évoque aussi "l'intouchabilité et l'agression" de la part de la communauté de la haute caste.
La Cour Suprême de l’Inde vient d’accepter de trancher à propos de cette discrimination, alors que le tribunal de Madurai de la Haute Cour de l'État a rejeté la requête, déclarant que l'appel était "non seulement superflu", mais aussi que le tribunal n'avait pas "compétence" sur la question.
De plus, un responsable catholique qui souhaite rester anonyme a déclaré que "la communauté chrétienne dalit au Tamil Nadu ou dans d'autres États continue à faire l'objet d'une grave discrimination".
Le système des castes en Inde est une hiérarchie sociale traditionnelle divisant la société en groupes distincts. Il repose sur des règles de naissance, de métier et de mariage, avec les Brahmanes (prêtres) au sommet et les Dalits (intouchables) en bas. Bien que légalement aboli, il influence encore la société indienne aujourd’hui, et n’épargne pas les chrétiens.
Un très grand nombre de Dalits se sont convertis au christianisme et à l'islam au fil des décennies, bien qu'en réalité, ces religions n'offrent qu'une protection limitée contre les préjugés de la société.
Germain Gratien